lundi 21 mai 2012

Un premier bilan de cette superbe aventure

En entrevue ce matin à l'émission LE RÉVEIL, en compagnie de l'animateur Michel Doucet à Radio-Canada Acadie

http://www.radio-canada.ca/audio-video/pop.shtml#urlMedia=http://www.radio-canada.ca/Medianet/2012/CBAF/LereveilNouveauBrunswick201205210853.asx

Retour à la maison





Dimanche 20 mai. Expresseau est déposé sur la remorque pour le retour à la maison. 10 mois et demi plus tard, 5 500 miles marins parcourus dans 3 pays, le bateau est prêt pour le transport vers Shediac



samedi 19 mai 2012

Northeast Harbour, Me à Saint-Jean, N.-B.

Jeudi 17 mai, 5h. La brume est à couper au couteau, mais la météo annonce un dégagement ainsi qu'une belle journée. Les trois premières heures se feront à tâtons avec une visibilité de moins d'un demi-mile marin. Vers 8h, le soleil tentera timidement une percée.
9h dégagement. 10h Le vent se met de la partie. Du vent... Du vrai vent... 15 à 20 noeuds de travers... (30-40 km/h) De la vrai voile et rapide en plus. Le paysage défile alors que je me paye la traite à la barre d'expresseau. Pour rien au monde je ne laisserai le pilote automatique s'acquitter de cette tâche en cette journée ensoleillée. 
14h J'entends la garde côtière canadienne faire des annonces dans les deux langues sur la radio VHF... Le Canada n'est pas loin. Le nord du Maine est peu habité, seul quelques phares marquent cette côte rocailleuse et inhospitalière. 18h dernier phare américain. 18h10 je franchis la ligne Canado-Américaine... Oh  Canada !
 20h j'entre à Head Harbour, sur l'ile de Campobello.
20h30 j'amarre au quai et contacte la douane. Le signal cellulaire n'est pas fort. Je perd une fois la communication avec les agents, mais la seconde fois sera la bonne. Bienvenue au Canada me disent-ils au téléphone. Il ne sera pas nécessaire de rencontrer un agent. Un appel suffira. Je me prépare donc pour la nuit dans un port de pêche ou le marnage (différence entre la marrée basse et haute) est de 17 pieds. Pas évident. Je vois un quai flottant, j'irai m'y accrocher pour la nuit paisible sans aucune inquiétude.
Vendredi 18 mai, je prends la mer avec l'intention de terminer la journée au quai flottant du Market Square à St-Jean, N.-B. et traverser les chutes réversibles samedi matin.
 En milieu d'avant-midi, je dépasse Pointe Lepreau. Je capte les stations radio de St-Jean et apprends que la ville aura de la visite royale dans les prochains jours. Cela me préoccupe. Je contacte  la garde côtière afin de vérifier si des mesures de sécurité ou restrictions à la navigation pourraient perturber mon plan de navigation. La route est libre. Je profite de cet appel pour vérifier la présence du quai flottant de Market Square. Non...pas encore installé pour la saison.... merde ! Je demande une proposition de solution alternative. L'opérateur radio de la garde-côtière contacte le harbour master de St-Jean. Rien de disponible pour un petit bateau si tôt en saison. Avec plus de 22 pieds de marnage, pas évident de s'amarrer dans le port de St-Jean.En début d'après-midi. je vois derrière Coleson Cove une petite baie qui ferai bien un bel ancrage de nuit. Il suffit de laisser amplement de cablot sur l'ancre pour compenser l'amplitude de la marée. J'y entre vers 14hé La houle promet une nuit plutôt agitée. Vers l'heure du souper, je change une nouvelle fois mon plan. Je lève l'ancre et reprend la route vers St-Jean et passerai les chutes réversibles à l'étale de 21h10.
 Les chutes réversibles de St-Jean représentent un obstacle à ne pas prendre à la légère. Les très forts courants de ces chutes offrent 4 périodes d'étale ( calme ) d'une durée de 10 minutes à mi-marée pour y passer. Pas de temps à perdre. 20h je suis devant le Market Square. Je tourne en rond pendant environ 45 minutes.
20h45 Je remontre à contre courant le dernier passage vers les chutes. Le bateau fait à peine entre 2 et 3 noeuds. 21h04 je suis devant les chutes. Je me lance. Ça brasse un peu. Et la vitesse baisse parfois a moins de 1.5 noeuds. La profondeur joue au yoyo. 100 pieds, 150 pieds, 60 pieds, 20 pieds... 21h14 je reprend de la vitesse, 2 noeuds, 3 noeuds, et finalement 5 noeuds...WOW.. j'ai franchis les chutes réversibles.
 22h00 je jette l'ancre dans une anse peu profonde non loin de la marina de St-Jean, bien à l'abri du vent.
Samedi 19 mai. Tôt dans la journée je commence à préparer le bateau pour le démâtage. J'enlève les voiles etc... 10h je lève l'ancre et me dirige vers la marina. Mais soudain alors que je ne suis qu'a quelques centaines de mètres de la marina... PAS DE MARINA ! Décidément, y'en aura pas de facile. Je vérifie mes cartes, contacte la garde côtière pour la coordonnée, latitude et longitude, de la marina. La seule réponde que j'obtiens est que la marina est située à la jonction de la rivière St-Jean et la Kennebecasis.  Je scrute à l'aide des jumelles et note ce qui pourrait être une marina, un peu au nord de ma position. Je m'y avance et vois apparaitre petit à petit les mats de voiliers. Marina droit devant !
Quelques ami-es m'y accueillent. Ma fille que je n'ai pas vu depuis janvier est aussi de la partie.
Ici comme au Maine, la saison n'est pas encore lancée. Quelques quais flottants permettent d'accoster mais la plupart des bateaux ne sont pas encore à l'eau. 13h l'opérateur de la grue est sur place. Le mat d'expresseau sera doucement couché et le bateau est maintenant prêt pour le transport sur route vers Shédiac prévu dimanche. 

mardi 15 mai 2012

De Portsmouth, NH à Northwest Harbour, ME

Naviguer au moi de mai implique faire face à des journées froides, venteuses et pluvieuses. J'ai donc prolongé un peu l'escale de Portsmouth afin d'éviter de naviguer dans ces conditions difficiles. À cette saison, les plus hardis plaisanciers du coins commencent à peine à mettre leurs bateaux à l'eau. Je suis le premier navigateur de passage cette saison dans une marina quasi déserte. À deux coins de rue, Henry's Market, un petit magasin général / café sera mon repaire. Lieu d'autant plus agréable, que les propriétaires de l'entreprise ont passé le mois de février aux Bahamas sur leur voilier.
Dans ces petites villes et villages de la Nouvelle-Angleterre, le souci de conservation du patrimoine est tel que c'est toujours un plaisir de passer devant une maison ancestrale en rénovation et constater, via un regard au travers une porte ou une fenêtre entrouverte, le travail de véritables maîtres artisans. 
Samedi 12 mai, le beau temps permet de poursuivre ma route. L'état du Maine sera la dernière avant la traversée au Canada. La météo annonce des vents du sud 10 à 15 noeuds. Mais ce vent brillera par son absence et le moteur sera mis à contribution.

Qui dit Maine, dit pêche au homard. Les passages entre les iles du Maine se fait dans des plans d'eau tapissés d'un nombre incroyable de bouées. À la voile, ces bouées ne représentent pas un problème. Même en les côtoyant de près, elles glissent aisément sous le bateau grâce à une invention bien d'ici, un poids qui cale le cordage et évite qu'il s'accroche à la quille ou au safran (gouvernail). Mais à moteur, mieux vaut être prudent, l'hélice aime bien les cordages. Quand soudain, ce qui devait arriver, arriva. BANG BANG BANG sous le bateau. J'en ai attrapé une. Vite je met le moteur au neutre. Merde ! Cela allait trop bien ! Me voilà bien pris et je suis assez loin au large. J'ai deux options : appeler Tow Boat US, la compagnie de remorquage, pour l'envoi d'un plongeur ou effectuer la tâche moi-même. Aucune des deux options ne me sourit. Tow Boat US mettra surement un bon 4 heures à atteindre ma position. Plonger ici, même avec un wetsuit, dans cette mer un peu agitée, ne me semble pas l'idée du siècle. Et la question se pose : Est-ce que j'ai brisé quelque chose : l'hélice, le support de l'axe ou quoi encore... Est-ce la fin du voyage... je n'arrive pas à y croire. Si près de la maison. Je suis découragé. En désespoir de cause, je tente un coup de dé. Je met le moteur en marche arrière pour libérer la bouée... BANG BANG BANG... Je remet en marche avant... BANG BANG...et soudain, le miracle se produit... tout se remet à tourner rondement. Expresseau reprend sa vitesse de croisière. Et en plus, la bouée refait surface. Ce pêcheur ne perdra pas sa cage. Il aura tout au plus à remplacer une bouée légèrement éméchée. OUF.............
 20 heures, je jette l'ancre derrière Witch Island dans un de ces nombreux paysages idyllique du Maine.
Dimanche 13 mai, j'entreprend le plus beau passage du Maine. Au travers iles et ilots, je me dirige vers Fox Island Thoroughfare en prenant bien soin d'éviter les bouées de cages à homard.



 Et finalement jeter l'ancre vers l'heure du souper dans Kent Cove.
 Lundi 14 mai, direction Northeast Harbour.
 Le petit paradis de Northeast Harbour, bien blottis entre les montagnes de Mount Desert Island est tranquille en ce mois de mai. Seuls les pêcheurs de homard viennent troubler sa tranquillité. La marina est en rénovation. Pas de réponse au téléphone ni à la radio VHF. Un gars du coin me suggère un emplacement où m'attacher en attendant de pouvoir contacter le maitre de quai. Le poste d'essence sur le quai n'est pas encore ouvert... peut-être la semaine prochaine. Je suis à deux ou trois jours de navigation de ma destination finale, Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, mais je devrai patienter. Les prochains jours vont être froids, venteux et pluvieux.   
Northeast Harbour offre tout ce que le marin de passage peut espérer trouver. Un magasin général bien garni en fruits, légumes, viandes etc... Une quincaillerie marine, bibliothèque municipale avec internet, tout cela à 5 minutes de marche de la marina. Avec un petit chariot, j'apporterai mes deux bidons vides au garage du coin afin de refaire le plein de diésel.
Si la météo tient ses promesses, je reprendrai la mer jeudi 17 mai, pour arriver à Saint-Jean dans la journée du samedi, 19 mai.

mercredi 9 mai 2012

Un dernier droit...

Il me reste environ une semaine de navigation jusqu'à Sant-Jean, N.-B. De cet endroit le bateau sera transporté par terre à Shediac et ce sera la fin d'une grande aventure. La saison est trop froide et pluvieuse pour contourner la Nouvelle-Écosse. Le passage de 36 heures entre le Maine et Shelburne NÉ serait un peu trop pour un navigateur solitaire si tôt en saison.

mardi 8 mai 2012

De Noank, CT à Portsmouth, NH

Samedi 5 mai, après un petit déjeuner copieux au dîner du coin, et la rencontre de Nellie, son propriétaire et ses matelots, je reprend la mer.
Le brouillard s'est dissipé, petite journée sans histoire, à moteur, peu de bateaux sont présents en mer si tôt en saison.
Fin de journée, je me dirige vers Sakonnet River pour un ancrage. De chaque côté de ma route, je distingue deux groupes de bouées assez éloignés l'un de l'autre. J'observe à l'aide des jumelles. Rien entre les deux. Le passage est libre. Dans une demi-heure je serai ancré et un chaud repas viendra récompenser la journée. Soudain, juste devant, un filet dont les flotteurs sont calés à un pied de la surface. Trop tard pour réagir, voila qu'expresseau pousse sur le filet qui glisse lentement sous la quille... pourvu qu'il ne remonte pas entre la quille et le safran (gouvernail) pour s'entortiller dans l'hélice. Le bateau ralentit.. le filet passe derrière la quille et reste bien enfoncé sous l'eau. Expresseau est libre de poursuivre sa route.
Dimanche 6 mai, toujours ce froid de canard.
La progression du jour sera un peu pénible. Vent de face, la vague ralentira souvent Expresseau. Parfois à moins de 2 noeuds. Le moteur peinera à faire son travail. Parfois le bateau reprendra un peu de vitesse pour se replonger dans 3 ou 4 vagues successives et ralentir à nouveau.
Fin d'après midi, l'entrée du Cape Cod Canal.
Le vent se calme. L'ancrage à Onset par cette soirée calme aura vite fait de faire oublier cette journée.
Lundi 7 mai. Je suis à l'entrée du Cape Cod Canal et la marée va jouer en ma faveur. Dès ma sortie de Onset la marée s'empare d'expresseau et le propulse à 10 noeuds vers l'est. La ballade dans Cape se fera en un clin d'oeil. La journée commence bien. Un peu de vent permet aussi de continuer à un bon rythme une fois le canal traversé.
Le soleil réchauffe et j'entends bien en profiter. À l'approche de Boston, qui devait être ma destination du jour, je continue. Je vais profiter pleinement du beau temps, car les prochains jours annoncent du temps pluvieux.
23 heures, je jette l'ancre à Portsmouth. Au réveil je me dirige vers le yacht club du coin. Plein d'essence. Je suis le premier navigateur à destination nord à passer si tôt en saison. La marina est à peine ouverte. Les bouées de mouillages ( moorings) ne sont pas encore prêts pour la saison. Hors saison les quais sont à 22$ la nuit, une aubaine. Bel endroit pour attendre le retour du beau temps.

Tu es belle Nellie... et je t'aime !

Nellie est une vieille dame de la mer. Elle a vu le jour en 1903 et en a fait tourner des têtes. Depuis les années 70, elle avait été laissé à l'abandon. Il y a quelques années un nouvel amoureux de la mer lui a redonné ses airs de jeunesse. Je l'ai rencontré à Noank et j'en suis, moi aussi, devenu amoureux. Découvrez Nellie, ses charmes et les travaux de sa restauration sur : http://www.synellie.com/










 J'ai eu le plaisir de visiter l'intérieur... sublime... mais je n'avais pas ma caméra... allez voir sur le site, vous ne serez pas déçus.

vendredi 4 mai 2012

De Cape May NJ à Noank CT

Après une journée de pause bien méritée, ou j'en profite pour faire l'épicerie de denrées fraîches et passer chez le barber shop pour une coupe, nous reprenons la mer le samedi 28 avril.
Atlantic City, ville de jeux, sera notre destination du jour. Le tout nouveau casino est imposant à l'entrée du chenal. Les lumières clignotantes des panneaux publicitaires et les feux d'artifices du soir illumineront notre soirée.
Dimanche 29 avril, le groupe de trois bateaux canadiens continue sa remontée vers le nord. L'escale du jour, Bargenat Inlet, surplombée de son grand phare rouge et blanc réjouira un peu plus les yeux des navigateurs.
Lundi 30 avril, pendant plusieurs heures le vent sera de la partie.
En fin de journée, les grandes tours de New York sont à l'horizon, mais ce sera pour demain. Ancrage à Sandy Hook en fin d'après-midi.
Mardi 1 mai c'est le déluge au petit matin. L'heure du départ est retardé. C'est aujourd'hui que je me sépare de mes deux compagnons de mers. Je dois entrer dans la East River vers l'heure du midi si je veut traverser New-York. Autrement le fort courant de Hells Gate deviendra infranchissable.
9h00 la pluie cesse... Moteur !
Un léger courant nous ralentit. Le temps se faire rare, mais je pense tout de même passer à temps. 11h30, le pont Verrazano... C'est serré...
Passé le pont, la garde côtière patrouille et c'est ESPRIT V qui obtient le numéro gagnant. Il aura droit à l'inspection de luxe, la totale... Papiers, passeports, permis de croisière etc...  Inspection des sanitaires ( qui doivent répondre aux normes ) compartiment moteur etc... etc... Une bonne demi-heure de plaisir avec les autorités.
Si il m'interceptent à mon tour pour une inspection, je manquerai surement de temps pour traverser la ville aujourd'hui. Heureusement ESPRIT V  sera leur seule prise du matin.
Vers 13h je franchis Hells Gate sans encombre. Moins rapidement qu'à l'automne où j'avais fait 11 noeuds, mais le 8 noeuds du jour me satisfait amplement.
Mardi soir, je jette l'ancre en face d'un club nautique dans Long Island Sound, à l'est de New-York.
Le temps froid, humide et venteux de mercredi forcera une journée de repos.
Jeudi 3 mai, le vent est calme, je reprends la route malgré la bruine qui diminue la visibilité entre 1 et 3 miles. Le radar sera mon ami pour la journée. L'ancrage du soir, dans un superbe archipel à l'est de New Heaven, CT ou sont bâties de superbes résidences d'été.

Demain je poursuit la remontée, avec le petit plaisir de franchir la barre des 5 000 miles marins parcourus depuis le départ de Shédiac, N.-B. en juillet dernier.
Entretemps, j'allume la lampe à l'huile et les chandelles pour éliminer l'humidité qui a envahit le bateau et ainsi faire sécher les vêtements.




Vendredi 4 mai, Au départ, je franchis la barre des 5 000 miles marins. Sous le brouillard je continue vers Noank CT. À l'arrivée, la brume sera à couper au couteau tellement elle est dense.